[Admin] Rosaline [Capulet]

Au Prince Escalus
Par les bons soins d’Elenor
-de la Villa des Capulet
De Rosaline

Monseigneur,

Ce n’est pas une grâce que je demande, ce n’est pas une requête, c’est une prière. Mon oncle, Lord Capulet, a eu la bonté de me reprendre du couvent de mon enfance, où j’ai pu apprendre les bonnes manières, tout ce qu’une jeune fille de mon âge et de ma condition doit savoir. Tel était le vœu de ma famille : le couvent était destiné à parfaire mon éducation. C’est là que j’ai appris les langues, la grammaire, la broderie, et autres matières ou occupations. C’est aussi là où j’ai appris à être heureuse.
J’aurai aimé y retourner, vivre dans la Religion, être moi, sans être noble, sans être bien née, dans une famille riche et puissante, sans être dans une famille parfois désunie mais souvent unie dans la haine d’une autre famille. Sans être une Capulet.
Et si tout ça n’existait pas, monseigneur ? Et si nous pouvions vivre heureux, sans se cacher, sans cette haine, dans l’Amour ?

Le couvent de mon enfance m’appelle, j’aimerais avoir votre autorisation d’y retourner, ou votre soutien pour le faire comprendre à Lord Capulet. La petite bâtisse ocre, entourée des hauts pins verts… le souffle sec du vent du Sud qui ébouriffait mes cheveux… les champs de lavande qui entouraient l’abbaye voisine… La vie avec mes congénères, nos études et nos discussions avec les sœurs. Tout cela me manque.
Puisque Lord Capulet s’y oppose, je vous supplie du moins de le faire réfléchir, à défaut de le fléchir. Oh je sais bien que je lui dois –et à ma tante, Lady Capulet- beaucoup de choses, si ce n’est tout. Mais je m’interroge sur mon bonheur. Est-ce si prétentieux de se poser des questions auxquelles peu de gens ont la réponse ?

Alors je vous prie, votre Altesse, de faire tout pour que mon retour au couvent soit une option pour mon avenir que mon oncle puisse envisager.

Je reste votre dévouée et respectueuse,
Rosaline.

A la princesse Elenor
-de la Villa des Capulet
De Rosaline

Ma chère Elen, mon amie, ma sœur,
J’ai joint à cette lettre celle que j’adresse à ton oncle -pour mon retour au couvent. Merci encore d’avoir accepté cette mission de transmission.
Je ne sais pas si cette décision est mûrement réfléchie, en tout cas c’est la mienne aujourd’hui. Le conflit des familles pèse lourd dans la balance, même si en face ton amitié, chère Elenor, et ton aide précieuse m’aide à tenir. Juliette et Flavie sont aussi du bon côté, et tu sais bien que M. d’A. [Note hors RP : initiales pour Matthew d’Angleterre] à lui seul suffirait. Je ne te remercierai jamais assez de garder ce secret…
Dans tous les cas, je ne sais quoi penser de tout cela, comme nous en parlions encore hier au bal, « il » est distant, et ne semble rien éprouver. Je ne suis que la Capulet brune, au visage calme et au cœur de tempête, pas très grande, timide mais déterminée. "Il" passe son temps à rire et à se battre avec Samuel di Monteiro.
Mes tourments ne semblent jamais vouloir cesser, Samuel prenant un plaisir à me dire des mots gentils, l’impression pourtant de faux traîne dans l’air, l’idée de pari entre eux m’a effleurée l’esprit, et de toute manière, le pauvre Sam ne m’attire pas outre mesure. Son jeu agaçant pourrait être supportable, si mon oncle Lord Capulet ne le prenait pour vrai. Il cherche à me marier sans doute, et mon idée de couvent doit être un obstacle trop important à ses plans.
Quelle idée de vouloir marier sa nièce ! Je sais, chère Elenor, que tu te trouves dans la même position que moi. J’essaie de te rendre visite bientôt, à défaut après mon retour de Mantoue. Quant au couvent, je verrai si nos oncles m’y autorisent. Je préférerais rester pour un « oui » de M. d’A. que d’un ‘non’ de mon oncle. Peut-être que la réponse de nos oncles à ma demande me permettra de savoir celle de l’autre.
Quoiqu’il en soit, je pars une petite semaine à Mantoue avec ma tante et ma cousine pour régler des affaires de Lady Capulet. Cela me changera les idées, je l’espère. Je t’écrirai de là-bas et te reverrai bien vite.

Avec mon affection, chère amie,
Rosaline.